INTRODUCTION
« L’Activité Physique Adaptée (APA), définie au niveau international dans les années 70, s’est développée en France à partir des années 80 dans l’espace universitaire des « Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives » (STAPS), avec l’appui d’une recherche pluridisciplinaire spécifique. Elle s’est progressivement inscrite dans l’espace des professions, d’abord dans les secteurs du social et médico-social, puis dans le secteur sanitaire, position qu’elle a affirmée en 2007 par l’élargissement de son sigle : APA-Santé (APA-S). Dans le monde médical, les professionnels de l’APA prennent place aux côtés de professions établies et réglementées (médicales, paramédicales ou assimilées au domaine de la santé). En l’absence de conventions collectives spécifiques, ils intègrent des statuts ne correspondant pas à leur activité et à leurs compétences propres (éducateur sportif, animateur, technicien supérieur), alors même que des textes officiels et des rapports publics citent les nouveaux métiers de l’APA dans leurs recommandations. (…)
DISCUSSION
(…)
(33) L’APA est née dans la continuité des mouvements de revendication des personnes handicapées aux États-Unis et en Angleterre dans les années 1970-1990, eux-mêmes en lien avec les mouvements féministes, ethniques et gay, revendiquant le droit à la différence et l’égalité d’accès aux pratiques sociales [16]. Les pratiques professionnelles de l’APA se sont structurées à partir d’une déconstruction de la situation de handicap et du Processus de Production du Handicap (PPH) pour créer les conditions de développement et d’émancipation des personnes atteintes d’une maladie et/ou d’une déficience à partir de leurs propres projets. (…)
(35)(…) il serait aussi important de considérer ce que chaque personne est capable de faire et d’être en prenant en compte son expérience, sa culture, ses représentations et surtout ses choix. La réflexion se pose alors en termes de « capabilités » définies comme étant « des possibilités offertes à chaque personne, en respectant sa capacité d’autodéfinition individuelle, ses choix et sa liberté ».
(36) Dans le référentiel métier, l’intervention en APA démarre par un « bilan éducatif partagé » au sein duquel l’enseignant ne se confond pas avec un expert qui évalue les incapacités et les déficiences des personnes pour mesurer des écarts par rapport à une norme de santé. C’est un professionnel qui dispose de connaissances en physiopathologie, physiologie de l’exercice, psychopathologie, psychologie de l’engagement, sociologie de l’activité physique adaptée et santé, didactique et pédagogie des APA, mais qui intervient en pédagogue. (…)
(40)(…) L’enseignant en APA part des ressources et des besoins de la personne pour co-construire avec elle un projet au sein duquel il met en place des situations d’enseignement : l’activité est donc pour lui un moyen et pas seulement une fin. Son territoire se situe ainsi du côté du développement de capabilités. (…)
(41) (…) Dans l’activité d’enseignement, il ne s’agit pas d’aligner le patient sur une norme d’exercice qui s’impose de manière descendante, mais de l’amener à construire de nouvelles normes de relation avec son corps et avec le monde, pour lui permettre d’entrer en mouvement dans des situations qui ont du sens pour lui.
CONCLUSION
(42) (…) « L’intervention en APA consiste en des activités de diagnostic éducatif, de co-construction de projets personnalisés, de conception de séances d’enseignement, de mise en œuvre pédagogique et d’évaluation des séances et de leurs effets. Elle s’effectue en pleine autonomie en articulation avec celle des autres professionnels de la santé » (…)
(44) (…) intégrés dans les équipes soignantes, formés et impliqués en éducation thérapeutique, les enseignants en APA interrogés sont engagés dans des relations collaboratives avec les professions médicales et paramédicales. (…)
(46) (…) Leur intervention ne se limite pas à faire pratiquer des APA, mais consiste à construire un ensemble de possibilités (de pratiques, de relations, de participation sociale) et de libertés substantielles, que les individus peuvent décider d’exercer ou non. (…)
(47) Ce positionnement irréductible à celui des autres intervenants, participe à une forme de résistance au mouvement social de normalisation par l’exercice physique. Il met par ailleurs en lumière leur capacité à s’inscrire de manière autonome mais intégrée dans le parcours de soin et d’éducation, du fait d’une bonne connaissance théorique et pratique de l’institution médicale et des organisations de soin. (…)
(48) Aucun conflit d’intérêt déclaré »
Perrin Claire, « Construction du territoire professionnel de l’enseignant en Activité Physique Adaptée dans le monde médical », Santé Publique HS/2016 (S1) , p. 141-151
URL : www.cairn.info/revue-sante-publique-2016-HS-page-141.htm.
nb: (« nombre ») correspond au paragraphe où vous pouvez retrouver dans l’article, les informations citées. Le lien s’affichant ci-dessus.